"Agissez, vous ne risquez pas plus et aurez au moins ce coeur tranquille que les meilleurs des nôtres emportent jusque dans les prisons"
Albert Camus, in Combat
Albert Camus

Emmanuel Roblès (1914-1995)

Emmanuel Roblès fut pour Albert Camus un véritable "frère de soleil".
Né à Oran le 4 mai 1914, il fait néanmoins ses études à Alger. En septembre 1937, il rencontre, grâce à André Mary, un camarade de service militaire, Albert Camus à une répétition de La Celestine par le théâtre de l'Equipe. La semaine suivante ils se découvrent de nombreux points communs : tous deux sont d'origine espagnole, orphelin de père, vivent avec leur grand-mère, sont aidés dans leurs études par un oncle et sont devenus boursiers l'un grâce à son directeur de collège, l'autre grâce à son instituteur.
Il rejoint alors le groupe de jeunes écrivains qui se retrouvent autour de Charlot : Camus, René-Jean Clot, Gabriel Audisio, Max-Pol Fouchet, Claude de Fréminville... En 1938, il publie L'action chez un éditeur algérois, l'ouvrage étant trop important pour Charlot. Cette même année, Camus le fait entrer à Alger Républicain, dès sa création. Son deuxième roman, La Vallée du Paradis, y paraîtra sous la forme d'un feuilleton signé Emmanuel Chêne, avant d'être publié en 1941 par Charlot. Ce dernier publiera également Travail d'Homme en 1942.
Il fait la guerre dans l'aviation, la termine en mai 1945 dans le Wurtemberg et est démobilisé en avril 46.
Après guerre, il fonde la revue littéraire Forge à Alger et anime une émission littéraire à Radio-Alger. Sa première pièce, Montserrat, paraît en 1948 et reçoit le prix du Portique. Le prix Femina 48 récompense son roman Les hauteurs de la ville, écrit en 1947.
Il fonde en 1951 la collection Méditerranée aux Editions du Seuil, qui révèlera des écrivains comme Mouloud Feraoun, Mohammed Dib, Vilallonga et Marie Susini.
De son séjour au Mexique en 1954, il a rapporté le thème de son roman Les Couteaux et de son voyage au Japon en 1957, celui de son récit L'homme d'Avril.
En 1956, il est avec Maisonseul aux côtés de Camus dans le Comité pour la trêve civile et préside l'appel à la trêve du 22 janvier. Le drame algérien, qui réunit les deux hommes, est le prélude à des drames plus personnels : en avril 58 Roblè perd son fils, mortellement atteint par l'arme à feu avec laquelle il jouait et, après un ami docteur, c'est Camus qu'il appelle et qui veillera avec lui. Et le 4 janvier 60, Roblès fait partie du premier cercle qui soutiendra Francine Camus : il l'accompagne à Villeblevin, sur les lieux de l'accident, puis à Lourmarin pour les obsèques de Camus.
En 1967 il participe à l'adaptation de l'Etranger par Visconti.
Il devient académicien Goncourt en 1973, au fauteuil de Roland Dorgelès.
Il décède le 22 février 95 à Boulogne (Hauts de Seine).

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© Georges Bénicourt - 05/03 Dernière mise à jour: 05/05/03